Certains mécanismes psychologiques contribueraient à augmenter la performance indépendamment du niveau de compétences et d’aptitudes.
Traduits en actes managériaux ces leviers psychologiques permettraient une meilleure réussite individuelle et collective.
« Sans la conviction que ses actions le mèneront vers ce qu’il attend, ou le protégeront de ce qu’il ne désire pas, aucun individu ne prendrait d’initiatives, ni ne persévèrerait face aux difficultés. » – Albert BANDURA.
Croire ou ne pas croire en ses capacités
HUGUET et REGNER, en 2007, ont montré à travers leur étude que lorsqu’un exercice de dessin est présenté comme un exercice de géométrie les élèves garçons sont plus performants. Lorsque ce même exercice est présenté comme un exercice de mémoire les filles sont légèrement meilleures.
Dans leur étude, STONE, LYNCH, SJOMELING et DARLEY montrent que lorsqu’une épreuve sportive est présentée comme une épreuve d’aptitude stratégique les athlètes blancs ont de meilleurs résultats, au contraire, lorsque la même épreuve est présentée comme une épreuve d’aptitude physique naturelle les athlètes noirs se trouvent être plus performants.
La « simple » croyance en nos capacités, ou sentiment d’efficacité personnelle (SEP), ici conditionnée par le poids des stéréotypes, aurait alors des effets sur la performance réelle.
Les leviers du sentiment d’efficacité personnelle (SEP)
Le SEP constitue la croyance relative qu’a un individu en sa capacité à réaliser une tâche. Le SEP d’un individu ne concerne donc pas le nombre d’aptitudes qu’il possède, mais ce qu’il croit pouvoir en faire dans différentes situations. Plus ce sentiment est fort plus grands seront les objectifs qu’il se fixe et son engagement à les atteindre. Lorsque nous pensons être capable de réussir, nous mobilisons plus de stratégies et faisons preuve de plus de persévérance.
La maitrise personnelle est un élément déterminant dans le SEP. Elle désigne l’ensemble des expériences de réussites. Atteindre des sous-objectifs est signe de maîtrise et permet d’acquérir un sentiment progressif d’efficacité personnelle. Il est donc préférable de découper une tâche en apparence insurmontable en sous-tâches maitrisées et de s’assurer de l’adéquation entre les exigences de la tâche et les compétences et aptitudes du travailleur. Le renforcement positif, induit par la réussite, aura non seulement pour effet de consolider le sentiment de contrôle, mais aussi de diminuer l’anxiété et les effets physiologiques du stress et rendra l’individu plus disponible. Seuls les collaborateurs disposant d’un fort sentiment d’efficacité personnel verront dans l’échec une raison de fournir un effort supplémentaire et le considéreront comme stimulant.
L’apprentissage vicariant est un autre levier. Les autres sont une source d’inspiration, de motivation et d’engagement. Assister aux efforts persévérants de ses pairs renforce notre propre efficacité. Un enfant apprend mieux au contact d’autres enfants en les observant ou les imitant qu’au contact d’un adulte « tuteur ». Cela doit nous faire réfléchir aux modes de coopération de nos équipes de travail, à la place du management quant à l’expertise, aux effets des nouvelles modalités de travail qui accentuent l’isolement des salariés.
La persuasion par autrui participe aussi à renforcer le SEP. C’est l’expression verbale de la confiance en nos capacités de la part de personnes que l’on considère comme légitimes. Ce levier nous rappelle l’importance du feedback et la nécessité d’apprendre à faire un retour spontané, authentique et bienveillant sur le travail de ses collaborateurs.
Enfin nous évoquerons la régulation de l’état physiologique et émotionnel comme renfort du SEP. Plus la personne est en capacité de gérer son état et plus il aura confiance en ses capacités. Une expérience physiologique et émotionnelle désagréable donne le sentiment d’une action non maitrisée. C’est l’enjeu de la préparation, de l’entrainement, des conditions physiques de travail et du respect des équilibres des vies (cf. podcast : « Santé mentale & performance collective »).
Le SEP influence l’engagement dans l’action, les stratégies mobilisées, les comportements et la motivation. Il détermine la quantité d’efforts et le nombre de temps consacrés à la tâche ainsi que le niveau de résilience face aux difficultés et aux échecs. Il influence le bien-être en réduisant les effets que provoque le stress lors de la réalisation de tâches complexes. Albert BANDURA a également mentionné qu’un plus grand sentiment d’auto-efficacité conduit à une plus grande motivation intrinsèque découlant de l’intérêt porté aux activités perçues plaisantes à exécuter.
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