Lucie rentre dans l’open space FORHUMAN en nous disant qu’elle ne peut pas attraper le Covid-19 : « je sors toujours de chez moi le pied droit le premier et je fais un cloche pied dans le couloir du métro. C’est radical. Ça a toujours marché ». On hésite à joindre le ministère de la Santé pour lui donner l’astuce afin qu’elle soit généralisée.
Les croyances magiques sont légion. La mort, par exemple. Les enfants pensent qu’ils en sont exempts. C’est le syndrome du coyote. Oui, oui, celui qui court après Bip-Bip, qui tombe de la falaise, qui reçoit sur la tête un rocher, puis deux, puis trois, puis un fer à repasser et qui revit la vignette suivante.
Cela permet d’équilibrer le rapport au monde et d’atténuer le trauma de ce que d’être vivant veut dire : mourir, un jour. L’arrêt des croyances magiques sur la mort c’est l’arrivée massive de la peur. Elle nous protège. Bonne chose !
Ado, j’ai pensé très longtemps que si j’avais regardé le match France Bulgarie à la TV, les bleus auraient gagné. J’étais certain que ma présence devant l’écran aurait changé les choses. Une grippe carabinée a eu raison de la participation de la France à la coupe du monde 1994. Je suis responsable de cet échec et je m’en veux encore !
Jeune adulte, enfin, je pensais que si je n’ouvrais pas le courrier de mon banquier annonciateur de mauvaises nouvelles, mon découvert n’existerait pas. Et ça marchait… jusqu’au mois suivant.
Dans le monde du travail, les croyances magiques existent aussi et permettent une certaine forme d’agilité de notre responsabilité. Pour certains, ce sont des prises de risques insoupçonnés avec l’idée qu’[ils] ne leur arrivera rien. Pensons à Kerviel !
On en retrouve aussi dans les personnes qui sont en retard sur leurs objectifs et qui sont persuadées que « ça ira, ça ira » et attendent le contrat juteux qui pourrait tomber du ciel !
Les croyances magiques sont inoffensives la plupart du temps, mais elles peuvent précipiter notre perte lorsqu’elles annulent nos actions responsables.
Lors des entretiens d’évaluation, demandez aux salariés de quelles actions ils sont auteurs et travaillez sur le chemin qu’ils ont suivi plutôt que sur l’objectif atteint, ou pas. La réussite ou l’échec n’est pas le fait du hasard ou de la fatalité. Agir de la sorte, c’est la garantie d’avoir en face votre collègue et pas Gérard Magax déguisé en votre collègue !
Ma cape et mon chapeau, et au boulot !
*Photo by Artem Maltsev on Unsplash