Confusion dans l’open space FORHUMAN ce matin. Kevin et Lucie se plaignent parce que eux, les Z, ils ont besoin de sens et de temps pour pouvoir assumer leur passion pleinement. Kevin souhaite travailler à partir de 14 heures parce qu’il « game » la nuit et Lucie souhaite animer sa chaine Mytube® pendant le temps de travail. Monique s’emporte et rétorque que, elle aussi, elle veut du sens et concilier ses vies. « X + Y — Z = n’importe quoi ! » finit-elle par lancer.
Et vous, vous n’allez pas croire, tout de même, à cette histoire des générations comme si des cohortes entières de population naissaient avec des prédispositions au sens du travail, au maniement des technologies, à l’appétit de justice… comme si la génétique réussirait là où elle n’est pas si efficace même pour des jumeaux.
Il y a trois niveaux de compréhension du sujet, nous semble-t-il. Le premier est de considérer que la question des générations est un construit social qui répond à des enjeux, des intérêts, des règles du jeu et des stratégies. C’est-à-dire que la société échafaude des repères puisés dans le social pour faciliter la construction identitaire. Nous avons tous été la génération quelque chose : « Post 68, Sida, internet… »
Le deuxième niveau qui garantit l’efficacité du premier est celui des prophéties auto réalisantes. À force de matraquer dans la presse ou autres conférences à toute une génération actuelle et, déjà, celle à venir, qu’elles sont ou seront comme cela, les gens finissent par adopter les codes des ces oracles, et les assimiler. Et ça marche !
Enfin, le troisième niveau, malingre et opportuniste qui tire bénéfice des deux premiers, est de considérer qu’une batterie de spécialistes du sujet des générations vont vous apprendre les codes, le maniement des codes, pour tirer le meilleur de ces générations. Et voilà les formations en tous genres sur le sujet, papiers vulgarisés à libre disposition, qui visent à naturaliser le réel pour le rendre conforme au terrain de jeu sur lequel déployer son business. Mais dans la mesure où les prescripteurs d’outils sont enfermés dans les mêmes codes que ceux qui les commandent (les DRH ou resp de formation) ou que ceux qui les reçoivent (les fameuses générations), plus personne n’y voit grand-chose à redire.
Mois, je suis X, plutôt jaune au DISC®, plutôt interne en style attributif… mais qui suis-je vraiment au fond ? Et vous ?
*Photo by Antoine Dautry on Unsplash